"Manif Pour Tous : un éditorial de 'L’Osservatore Romano' salue la mobilisation et souhaite élargir le débat"

 

iMedia - Vatican - « Dans un article publié en ‘Une’ le 7 mai 2013,  L’Osservatore Romano salue la poursuite de la mobilisation des participants à la ‘Manif Pour Tous’, malgré le vote récent de la loi... Dans son éditorial, Patrice de Plunkett, plume régulière du quotidien du Vatican, s’interroge aussi sur la suite à donner à ce “vaste mouvement“, évoquant la possibilité de mettre en place des “Assises de l’écologie humaine“ » :

 

 

www.imedia-info.org / suite de la dépêche

<< ...Le journaliste français souligne l’“inventivité“ et la spontanéité de centaines de milliers d’opposants à la loi sur le ‘mariage’ homosexuel, malgré son adoption le 23 avril dernier. Ceux-ci, explique-t-il, descendront en masse dans les rues de Paris pour la grande manifestation du 26 mai prochain, mais la suite demeure floue. "D’où la question que tout le monde se pose : la manifestation du 26 mai sera sans doute considérable, mais que faire ensuite ? Comme il n’est plus possible de continuer en gardant les mêmes mots d’ordre, comment faire durer ce vaste mouvement de la société civile ?“, s’interroge-t-il.

“Beaucoup de ses organisateurs espèrent l’élargir en l’étendant à tous les terrains où la dignité de la vie humaine est en jeu, indique le journaliste, non seulement les problèmes civils et bioéthiques mais aussi sociaux et économiques, comme l’a souligné le président des évêques français nouvellement élu, Mgr Georges Pontier.“

Selon l’éditorialiste, les manifestants “ont eu le sentiment de n’être ni compris ni même entendus par la France officielle“ et cette frustration leur a fait “prendre conscience d’une situation qu’ils ne soupçonnaient pas“ : la “négation des réalités de la condition humaine, autant que des réalités de l’environnement naturel“ de la part d’une partie de la classe dirigeante.

“Défendre ces réalités devient donc une tâche civique urgente, à laquelle croyants et non-croyants peuvent coopérer“, explique encore Patrice de Plunkett, qui appelle de ses vœux la tenue “d’Assises de l’écologie humaine“. “Et à celles-ci, conclut-il, seront conviés tous ceux, catholiques ou non, qui partagent le même souci de l’homme et de toutes ses responsabilités“.

L’appel à lancer des “Assises de l’écologie humaine“ provient notamment de l’un des promoteurs de la ‘Manif Pour Tous’, le catholique Tugdual Derville, délégué général de l’association pro-vie Alliance Vita.  MM  >>

 

Texte de l'éditorial  / 2013-05-08   L’Osservatore Romano

En faveur d’une écologie humaine

Patrice de Plunkett

<< Le 26 mai, des centaines de milliers d’opposants à la loi sur le mariage entre homosexuels seront à nouveau dans les rues de Paris. Ils viendront de toute la France, selon la méthode, désormais très au point, de ces Manifs pour tous : entraide, covoiturage, hébergements, soutien matériel aux familles de manifestants les moins fortunées...

La loi est votée par les députés depuis le 23 avril, mais des foules très nombreuses continuent à protester, avec une inventivité qui étonne les médias : mobilisations par Twitter, rassemblements spontanés dans les rues, camping devant l'Assemblée nationale, opérations « réveil-matin » devant le domicile des ministres, pressions sur les élus, affichages de banderoles sur les ponts d'autoroute... On vient aussi de voir apparaître le réseau des  Veilleurs : des « sit-in » de jeunes qui passent la nuit à chanter et à méditer pacifiquement face à la police, dans un style inspiré de Gandhi et des Journées mondiales de la jeunesse. Ou le réseau des « Mères veilleuses », qui campent par petits groupes pour protester contre la menace de la gestation pour autrui, cette « marchandisation capitaliste du ventre des femmes les plus pauvres »... Depuis le tour de force réussi au mois de mars par les opposants à la loi (sept cent mille signatures au Conseil économique et social, réunies en moins de dix jours), leur message semble bien reçu par le public : selon un sondage de la fin avril, la majorité des Français a changé d'avis et désapprouve désormais l'adoption d'enfants par les couples homosexuels. Le 26 mai, cependant, le Conseil constitutionnel aura rendu son avis et vraisemblablement donné son feu vert à la loi, qui sera promulguée par le président de la République. Il sera donc trop tard sur le plan légal.

D'où la question que tout le monde se pose : la manifestation du 26 sera sans doute considérable, mais que faire ensuite ? Continuer en gardant les mêmes mots d'ordre n'étant plus possible, comment faire durer ce vaste mouvement de la société civile ? Beaucoup de ses organisateurs espèrent l'élargir en l'étendant à tous les terrains où la dignité de la vie humaine est en jeu : les problèmes non seulement civils et bioéthiques, mais aussi sociaux et économiques, comme l’a souligné le président des évêques français nouvellement élu, Mgr Georges Pontier.

L'économie, en effet, n'est pas innocente dans cette crise politique et morale... Lorsque un influent homme d'affaires a déclaré au mois de février : « louer son ventre pour faire un enfant ou louer ses bras pour travailler à l'usine, quelle différence ? », il l'a fait au nom de ses convictions économiques ultralibérales : « Moi, je suis pour toutes les libertés... ».  Quant à la montée de l'idéologie du gender et des groupes de pression qui lui sont favorables, elle ne peut être séparée de « l'optimisation du consumérisme par la disparition de la différence entre les sexes », a souligné l'économiste Christian Harbulot.

Tout cela est du good business, confirme à New York le directeur exécutif d’une grande banque d’affaires qui, en ce printemps 2013, fait pression sur la Cour suprême de Washington en faveur du mariage entre homosexuels avec 278 autres géants économiques.

En France, le think-tank socialiste Terra Nova bénéficie du soutien de grandes sociétés américaines ou franco-européennes. C'est précisément un rapport de ce groupe qui précéda le lancement de la réforme du mariage en France. Selon ce rapport, de telles « réformes sociétales » devaient être mises en œuvre pour promouvoir « une nouvelle alliance des forces d'avenir : jeunes, minorités, femmes, habitants de zones urbaines et non-catholiques... ». Ainsi les catholiques se trouvaient exclus de la scène du fait d’un organisme chargé d'alimenter les réflexions d'élites dirigeantes, et soutenu par des élites économiques.

Grande a été la surprise de ces élites en constatant la présence massive de jeunes, de femmes, d'habitants de zones urbaines et de minorités, catholiques et non-catholiques, dans les manifestations contre la loi sur le mariage.

Ces manifestants ont eu le sentiment de n'être ni compris, ni même entendus, par la France officielle. Cette frustration leur fait prendre conscience d'une situation qu'ils ne soupçonnaient pas : une partie des milieux dirigeants, dans les pays occidentaux, semble dériver vers une sorte de négation des réalités de la condition humaine, autant que des réalités de l'environnement naturel. Défendre ces réalités devient donc une tâche civique urgente, à laquelle croyants et non-croyants peuvent coopérer. Ce n’est pas un hasard si parmi les projets de reconversion du mouvement des Manifs pour tous, le plus prometteur consiste à organiser des Assises de l'écologie humaine. Et à celles-ci seront conviés tous ceux, catholiques ou non, qui partagent le même souci de l'homme et de toutes ses responsabilités. >>